Financements alternatifs aux banques

Meeting 4

Lorsqu’un entrepreneur genevois recherche des fonds pour démarrer ou développer son entreprise, en complément de son apport en fonds propres, il peut être confronté à une problématique de financement. Les banques n’interviennent en effet, dans la majorité des cas, qu’après trois années de bilan ou à la présentation de rendements suffisants. Selon le Secrétariat d’Etat à l’économie SECO, environ 37% des PME sont actuellement exclusivement autofinancées. Nettement moins que lors de la dernière enquête, puisqu’en 2016, cette proportion était de 62%. Alors que la part des financements bancaires est restée inchangée depuis 2016 (32%), la part des financements non bancaires est passée de 6 à 15%. C’est le cas pour les prêts privés plus utilisés aujourd’hui (de 15% à 23%).

A Genève et en Suisse, il existe diverses options pour accéder à des financements alternatifs en fonction de la typologie de l’entreprise et des fonds nécessaires.

 

Le crowdfunding : un moyen d’obtenir plus qu’un financement

Lever de l’argent par financement participatif ou crowdfunding en anglais sur une plateforme en ligne est devenu de plus en plus courant. Qu’il s’agisse de financer une nouvelle idée ou un pan de son activité, cette méthode fait appel à un grand nombre de bailleurs de fonds, qui investissent chacun une petite partie du montant total recherché par la PME ou la start-up. Parfois, les investisseurs contribuent sans contrepartie, mais le plus souvent, le retour sur investissement prend la forme d’un produit ou service, mais aussi d’une participation dans l’entreprise. Proposer des contreparties a l’avantage à la fois de lever de l’argent, de tester son futur produit et de développer une communauté de futurs ambassadeurs. Une campagne de crowdfunding réussie permet de rassurer de futurs investisseurs ou des banques.

A Genève, par exemple, les Services Industriels de Genève (SIG) mettent à disposition des entités morales du canton (entreprises, associations et coopératives) leur propre plateforme de crowdfunding dénommée « SIG impact ». Les conditions de « SIG Impact » : avoir un projet favorisant la transition écologique et avoir une belle histoire à raconter.

Alors que la plupart des plateformes prennent environ 10% de commission, cette solution reverse l’intégralité des fonds récoltés aux porteurs du projet s’ils sont clients des SIG et affiche un taux de réussite d’environ 90%. Un taux élevé résultant notamment d’un accompagnement en marketing offert par les SIG. Le bonus pour les projets menés à terme ? L’accès à un écosystème vertueux partageant des valeurs identiques et de potentielles synergies au sein du réseau « SIG Impact » sans prendre de risques. Il faut toutefois garder en tête que le temps à investir en amont et durant la campagne, n’est pas négligeable pour favoriser la réussite d’une telle approche. Les financements obtenus oscillent entre CHF 20’000 et 25’000. Plus d’informations sur www.sig-impact.ch

 

Le « FONGIT Innovation Fund » : trois possibilités pour sociétés innovantes et durables

La Fondation Genevoise pour l’Innovation Technologique (FONGIT) est le premier incubateur d’innovation en Suisse. Soutenue par le Canton de Genève, la FONGIT héberge actuellement plus de 100 start-up et projets dans les domaines des ICT, de l’Ingénierie et des Science de la Vie. Son fonds de soutien à l’innovation (Fonds d’Innovation FONGIT – FIF) vise à favoriser l’accélération des processus d’innovation au sein des Universités, des Hautes Écoles et des instituts de recherche genevois, ainsi qu’au sein des start-up, des scale-up et des PME technologiques en forte croissance dans le Canton de Genève. Le FIF se focalise sur toutes les innovations technologiques servant au moins l’un des Objectifs du Développement Durable (SDGs).

Trois possibilités s’offrent aux entrepreneurs et entreprises en fonction de l’état d’avancement de leur projet : ils peuvent bénéficier soit :

  • D’une bourse d’un montant allant jusqu’à CHF 50’000 – remboursable en cas de succès – permettant de poursuivre un projet scientifique issu d’une haute école ou institut de recherche genevois ; ce projet doit avoir pour objectif de lancer un nouveau produit, processus ou service répondant à un besoin social ou économique et possédant un marché potentiel. Il est à noter que la bourse FIF peut se cumuler avec d’autres programmes, comme « Innogap » de UNITEC.
  • D’un « Prêt d’amorçage » (ou prêt Seed) allant jusqu’à CHF 100’000 pour les entreprises genevoises en phase de démarrage avec un produit ou service innovant. Le candidat doit être capable de démontrer la faisabilité technologique ou scientifique de ses développements et l’existence d’un marché. Obligatoirement lié à un tour de financement, le montant ne peut dépasser 70% du budget total du tour concerné par le soutien. Le remboursement du prêt commence en principe la troisième année et peut s’étendre sur une période de cinq ans. Il peut également sous certaines conditions être remboursé de manière anticipée par conversion en actions.
  • D’un « Prêt de croissance » pouvant atteindre CHF 400’000, pour les entreprises genevoises développant une innovation technologique, réalisant un chiffre d’affaires en forte croissance. Outre les start-up, les PME souhaitant accélérer leur transformation numérique peuvent bénéficier de ce prêt. Là encore, le montant accordé dépend d’un tour de financement. Le financement ne peut pas dépasser 50% du budget total du tour. Le remboursement intervient dans les cinq ans, avec une possibilité de remboursement anticipé par conversion en actions.

Ces financements alternatifs ont l’avantage de ne demander aucune garantie, ni caution. Il n’est pas ici demandé à la société d’être « cash positive » les dernières années, mais plutôt de satisfaire aux critères de réalisation des objectifs de développement durable et d’innovations technologiques.

Plus d’informations sur  www.fongit.ch/financing

 

« Business Angels » et investisseurs

Pour les entreprises de type start-up nécessitant une croissance rapide, il est primordial de renforcer ses fonds propres en accédant à du capital d’amorçage. Les Business Angels (BA) sont souvent eux-mêmes des entrepreneurs qui connaissent les besoins des entreprises innovantes et souhaitent faire bénéficier l’écosystème local de leur réseau. Ils se regroupent pour investir leur argent sur des technologies et des équipes au fort potentiel rémunérateur en cas de succès (exit ou IPO). Les jeunes entreprises présentent en général leur projet lors de « pitch ». Les financements se situent en général entre CHF 50’000 et un million de francs. En contrepartie, les investisseurs reçoivent une participation dans la start-up. Plusieurs groupements de BA existent en Suisse comme par exemple « Business Angels Switzerland » (www.businessangels.ch), « StartAngels Network » (www.startangels.ch) ou « Swiss ICT Investor Club » (www.sictic.ch).

Pour les entreprises déjà en croissance et/ou à la valorisation plus importante à la recherche d’un financement conséquent pour accélérer leur développement, il est nécessaire de s’orienter vers des fonds d’investissement ou des Venture Capitalists (VCs). Ils proposent des sommes plus conséquentes en organisant des levées de fonds dépassant généralement le million de francs. Ces entités, souvent spécialisées dans des domaines spécifiques, investissent l’argent de leurs clients, cherchent des retours sur investissements bien définis et ont des conditions complexes qui nécessitent généralement les conseils d’un avocat spécialisé pour encadrer leur entrée dans le capital de l’entreprise.

 

Programmes suisses de soutien à l’innovation

La Confédération suisse soutient à travers le programme « Innosuisse » les PME et entreprises innovantes qui cherchent à se développer ou/et à gagner des parts de marché en se basant sur la science et la technologie. Il est ainsi possible d’obtenir le financement d’un projet de recherche qui sera réalisé par l’entreprise conjointement avec un institut de recherche en Suisse. Des possibilités de formation, de coaching ou de réseautage sont en outre accessibles. Un guide interactif permet de découvrir les différentes possibilités dont les entreprises suisses peuvent bénéficier et leurs modalités d’accès www.innosuisse.guide/#/fr

 

Développer de nouveaux marchés à l’étranger en toute sécurité

D’autres moyens existent pour développer la croissance d’entreprises d’une certaine envergure à l’étranger. Quand une PME suisse souhaite exporter ou effectuer un service pour un client étranger, elle s’expose souvent à un risque plus élevé de non-paiement de ses prestations et peut avoir de la peine à obtenir un prêt d’une banque pour développer ce type d’activité. Afin de renforcer la compétitivité suisse, la Confédération par le biais de la « SERV » (Assurance suisse contre les risques à l’exportation) offre aux exportateurs basés en Suisse la sécurité nécessaire pour accepter des commandes à l’exportation, en assurant la réception du paiement contre les risques politiques, l’insolvabilité ou le refus de paiement de l’auteur de la commande. En fournissant aux exportateurs garanties et assurances, la SERV rassure les banques qui peuvent, sur cette base, émettre des financements et des garanties. Les entreprises qui souhaitent se développer à l’étranger peuvent consulter la brochure explicative de la SERV ou se mettre directement en relation avec Dominique Aubert, Senior Vice President à la SERV dominique.aubert@serv-ch.com

 

Les possibilités de financement proposées par la FAE

Composée de spécialistes en finance et en gestion, la Fondation d’aide aux entreprises (FAE) intervient de manière subsidiaire pour faciliter l’accès au financement à des entreprises viables basées dans le canton de Genève, quel que soit leur secteur d’activité. La FAE intervient tout au long du cycle de vie de l’entreprise à travers de nombreuses prestations. Elle intervient également en complément des sources de financement traditionnelles et des réseaux d’accompagnement pour partager le risque en proposant aux banques la garantie d’un remboursement total ou en renforçant les fonds propres d’une entreprise avec une prise de participation au capital. Pour découvrir les financements alternatifs proposés par la FAE www.fae-ge.ch/financer-sa-croissance-et-linnovation

 

Pour aller plus loin, nous vous invitons à consulter le rapport du Secrétariat d’État à l’économie SECO de novembre 2021 réalisé établi par l’Institut pour les services financiers de Zoug (IFZ) Haute école de Lucerne – Économie sur le financement des PME en Suisse.